Méditer sous un arbre – une expérience à vivre

Précédemment, nous avons comparé la méditation en intérieur et dans la nature. Que diriez-vous de poursuivre dans ce sens, en évoquant par exemple les bienfaits de la méditation sous un arbre ? Bien sûr, Bouddha a connu l’éveil ainsi. Mais, que cela pourrait-il bien nous apporter, à nous, dans notre civilisation manufacturée et géométrique, de méditer sous un arbre ?

Méditer sous un arbre

L’humain et sa déconnexion à l’arbre

« Non seulement c’est inconfortable, mais il y a des bêtes ! » Eh oui, de nos jours, l’arbre ne fait, pour la plupart d’entre-nous, plus vraiment partie de notre univers. Il y a ceux que l’on voit en ville, quelconques et maladifs dans leur petit socle de terre au milieu du béton et ceux, ennuyeux, du jardin du voisin qui envoie ses feuilles en automne et ses bestioles à la belle saison. Il y a aussi ceux, agréables mais anonymes et très vite oubliés. Ceux, qui vous offrent leur ombre en été le temps d’un pique-nique ou d’une sieste.

Pourtant, qui que vous soyez, lecteur, vous avez certainement de lointains ancêtres qui considéraient les arbres avec vénération : de nombreux peuples des Amériques, d’Afrique, d’Océanie jusqu’en Sibérie croyaient que l’Homme était né de l’Arbre. Les Celtes en faisaient leurs sanctuaires tandis que les Vikings avaient Yggdrasil, l’Arbre-Universel. Et est-il bien utile de mentionner l’Arbre du jardin d’Eden ou même l’image du Paradis dans les religions du Livre, pourtant héritées de peuples du désert… Bouddha n’est donc pas un exemple isolé, il y a bien quelque chose entre l’Homme et ce gros végétal qui dépasse le simple rapport à l’utilitaire. (Outre ses fruits et son bois, l’arbre est un rempart contre la désertification).

Pourquoi un arbre ?

Sans parler de méditation, il est de nombreuses personnes qui éprouvent du bien-être à s’allonger ou dormir à côté de leur chat ou de leur chien. Les cavaliers aiment se coller contre les chevaux, sentir leurs muscles frémir sous leurs doigts, percevoir leur respiration ou simplement la vie les parcourir. Pourtant, vous n’aurez toujours qu’une compréhension et une interaction très limitées de ces créatures. (« Non, moi je parle à mon chat et il me comprend. » Voyons… Ou alors écrivez-moi ce que le chat vous a dit avoir pensé du dernier film que vous avez regardé ensemble…)

Un arbre, c’est presqu’une chose, n’est-ce pas ? Rien n’émane d’un arbre ! Ça n’est pas tout à fait vrai, en fait, et c’est là que la méditation a un rôle à jouer. Parce que la méditation, c’est ce qui vous permet de prendre du recul, d’adapter un autre rythme, de voir plus loin, de percevoir plus profondément…

Vous rappelez-vous des Ents du Seigneur des Anneaux ? Il peut paraître saugrenu de faire appel à une œuvre de fantaisie pour illustrer un concept. Et pourtant, ces « Hommes-Arbres » et leur lenteur si agaçante (même leur façon de parler est désespérément lente !) illustrent bien ce qui caractérise un arbre : bien que vivant, il vie et évolue à un rythme très différent du nôtre.

Non, l’arbre ne vous parlera pas et vous ne le sentirez pas respirer. Pourtant, asseyez-vous entre ses racines… Non, d’abord, choisissez votre arbre. Vous pourriez être attiré(e) par la forme ou les couleurs d’un arbre, tout comme chez un être humain ou un animal. Une fois que vous l’avez choisi, que vous vous êtes trouvé(e) une position relativement confortable, adossez-vous à lui. Certaines personnes n’hésitent pas à se mettre à genoux face à l’arbre et à étreindre son tronc. Vous n’avez pas besoin d’aller jusque-là mais, après votre première méditation « arboricole », vous pourriez ressentir le besoin de faire ainsi…

L’arbre en tant que tel

L’arbre devient un élément supplémentaire de votre méditation. Il n’est pas votre respiration ni votre conscience. Il n’est pas ce monde que vous essayez d’imaginer dans sa globalité, mais tout cela à la fois. Enfin, il n’est pas non plus la Terre que vous avez sous vous, c’est encore plus concret. Et là, vous commencez à comprendre la fascination des anciens hommes pour les arbres. Son tronc solide et rugueux, imparfait, comme une peau. Ses cycles de vie, imperceptibles au jour le jour. Si vous ne sentez pas de conscience, vous êtes comme à côté d’une personne dans le coma : ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien, juste que c’est hors de votre portée.

En haut, il y a les branches qui s’élancent dans le ciel. En bas, il y a les racines, invisibles qui s’enfoncent dans la terre, nul ne sait jusqu’où. Ces racines drainent l’eau souterraine, repositionnent ou contournent les pierres enfouies et les couches de sédiments… Si votre méditation incluait un exercice de visualisation de votre corps, vous avez désormais la possibilité de le prolonger dans le corps de cet autre corps vivant, juste derrière vous…

Il y aurait encore énormément de choses à dire sur le fait de méditer sous un arbre. Et plus on en dira, plus ça deviendra personnel, lié à votre psyché et à votre expérience avec cet arbre. Ouvrez-vous à cet étranger. Laissez-le vous guidez, vous montrer autre chose. Nous entrons dans un domaine qu’il n’est plus utile d’évoquer, mais d’expérimenter.

Sujets abordés dans l’article :

  • Méditer sous un arbre
  • Méditer en pleine nature
  • Méditation sous un arbre
  • Méditation arboricole