Routine or not routine ?

La méditation est pleine de paradoxes. Je crois que c’est un des aspects qui m’enthousiasme le plus: la concernant, on ne peut jamais s’installer confortablement dans une croyance, une opinion, un point de vue établis pour de bon.

Je lisais un passage de l’ouvrage de Jon Kabat-Zinn, Où tu vas, tu es , dans lequel il est question d’installer une « routine » dans la pratique de la méditation au petit matin. Cela me rappelle que, lorsque je découvris la pratique il y une dizaine d’années, la question de mettre en place une pratique quotidienne, de se mettre en «route» ou en chemin, ne me fut pas chose aisée. C’est qu’intellectuellement, j’avais du mal avec cette discipline, que je considérais monotone; j’avais au contraire envie d’aventure! En anglais, il est vrai que le mot «routine» est plus proche de celui d’ «habitude», «rituel». En français, le terme de routine est péjoratif, il comporte une notion de monotonie et d’ennui.

Le paradoxe de la méditation

Et c’est là que gît le paradoxe : avec le temps, la pratique devenue quotidienne était devenue la plus passionnante des aventures! On ne sait jamais d’avance ce qui va se passer: c’est l’étonnement, l’inattendu, la surprise, dans chaque séance de pratique, qui est loin d’être un automatisme vide de sens comme le terme de « routine » pourrait le laisser entendre. De plus, c’est parce que nous installons une «routine » de pratique, que nous pouvons expérimenter l’infinie richesse de moments simples du quotidien. C’est à cette condition, d’en faire plutôt un rite, alors, qu’une routine, que nous pouvons goûter plus pleinementles gestes du quotidien, sentir l’exaltante mélodie du monde.