Et si ce n’était finalement pas pour moi ?

Je me pose parfois trop de questions.
Mais il y en a une que je n’ai jamais vraiment osé regarder en face: et
si finalement méditer, ce n’était pas fait pour moi?

Je médite depuis plus de 5 ans, et petit à petit la pratique a pris de plus en plus de place dans ma vie, devenant quotidienne, et expérimentée plus lors de stages, de retraites et de séminaires. Et, bien que j’y prenne garde, elle est aussi devenue une part de l’identité à laquelle je m’accroche. Je suis «un méditant», et voilà bien une des rares choses sur lesquelles je peux m’appuyer pour me définir.

Or, depuis quelques mois, ma vie a changé. Un déménagement à l’étranger, un nouveau travail, de fréquents déplacements, et pas de coin vraiment attribué chez moi pour méditer, bref, une nouvelle situation moins propice à la pratique que lorsque j’étais à Paris. Avec du temps libre, l’Association Serenissance à 20 minutes de chez moi, et un bureau «calme et lumineux» dans lequel je pouvais pratiquer.

Assailli par les doutes

Au début, je n’ai pas vraiment fait attention au fait que je méditais moins régulièrement. Et puis, petit à petit, c’est devenu inquiétant. Moi qui m’étais tant investi dans cette pratique, qui en avais tant retiré, allais finalement l’abandonner parce que mon cadre de vie avait changé? N’avais-je donc aucune loyauté? Et surtout, si mon lien à la méditation lâchait si facilement, alors sur quoi pourrais-je m’appuyer ensuite, auprès de quelle tradition ou pratique trouverais-je un appui plus solide, moi qui ne doutais plus jusqu’alors avoir trouvé chaussure à mon pied il y a 5 ans?

Au fond, c’est quoi la méditation ?

Si je parle de tout cela, c’est que
cela montre quelque chose de tout à fait intéressant à mon avis à propos de la
pratique de la méditation: il s’agit bien plus d’une affaire de relation
que de technique. Elle n’est pas un ensemble figé de connaissances et de
méthodes. Elle est vivante. Ou plutôt, notre lien à elle doit être vivant, ce
qui implique qu’il puisse évoluer, être par moment tout à fait établi, et à
d’autres remis en jeu.

La pratique de la méditation n’est
donc pas une sorte de gymnastique ou d’exercice intégré à notre vie, mais bien
une partie prenante de notre existence, tout autant que son miroir. Elle est ce
par quoi je sors de moi et pars à la rencontre du monde, de l’espace qui
m’entoure et des autres. Elle est ce qui m’aide à mieux goûter telle
expérience, telle nouveauté, tel souvenir.

Un travail toujours à refaire

Comme dans toute relation, rien n’est jamais acquis. Ma nouvelle situation me pousse à retravailler mon lien à la méditation, à retrouver une discipline, une danse, qui nous convienne. Et pourtant, bien que l’environnement ait changé, la pratique reste la même. Revenir à la présence, être, dire bonjour, cela se fait peut-être autrement qu’avant, mais cela se fait tout de même. Je peux juste m’assoir, à l’autre bout du monde, dans une chambre d’hôtel tout ce qu’il y a de plus impersonnel, et me foutre la paix.

Méditer est donc ce travail de
relation qui m’apprend, où que je sois, à retrouver une maison. Je crois que je
vais continuer encore un peu.