De l’autre côté du miroir

Je méditais l’autre matin en suivant une pratique guidée du coffret Comment habiter son corps de Fabrice Midal et Clément Cornet.

À un moment, Fabrice dit «Votre sensation est-elle agréable, désagréable ou neutre?»

J’étais à ce moment là étreinte par un sentiment poignant de tristesse,
sans cause précise. Je me suis donc
posée la question: «C’est agréable, désagréable ou neutre?»
et je me suis trouvée prise de court. Je ne pouvais pas dire si c’était
agréable, désagréable ou neutre. C’était, tout simplement.

Méditer, c’est parfois être comme Alice et passer de l’autre côté du
miroir*. On sort de la logique habituelle «c’est bien, pas bien, c’est
agréable, désagréable», pour être dans une attention directe et nue.

Cette attention permet aux sensations, aux choses, aux émotions d’apparaître, de se manifester, sans médiation et sans nos tendances habituelles qui brouillent les pistes.

Je suis triste? C’est ce qui est là, maintenant. C’est ce que les Grecs appelaient vérité: aletheia, ce qui sort du retrait, de l’oubli, ce qui apparaît.

C’est vrai, comme le chagrin de
cette petite fille qui pleure, prise en photo par Vivian Maier.

*Voir le livre de Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir.