Pleine lune et pleine présence…

Entre speed dating et bar à coktails…

Pour animer leur exposition intitulée La Lune, le Grand Palais a eu l’idée d’organiser une nocturne un soir… de pleine lune! Diverses activités thématiquesétaient au programme : speed dating astrologiques, DJ Set cosmic trip, podcasts «Fous de lune», bar à cocktails célestes, installation cinématographique de Wim Wenders et… ateliers de méditation!

L’Association Serenissance a aussitôt répondu à
l’appel. C’est ainsi que Clarisse Gardet et moi nous sommes retrouvées le 19
avril dernier dans le Hall d’honneur de ce monument de l’art parisien pour animer
trois heures d’ateliers non-stop.

L’invitation était irrésistible: «rencontre inspirante avec les étoiles montantes de la
méditation, Clarisse Gardet et Manon Verheyden, enseignantes phares de
l’Association Serenissance fondée par Fabrice Midal…»

Mais une fois sur place, il nous a fallu une certaine
«présence d’esprit» pour faire face à une situation
inhabituelle: les ateliers allaient en fait se tenir à l’entrée du Grand
Palais, entre le vestiaire et les audioguides, au milieu d’un brouhaha
constant, pimenté par les basses rythmiques des deux DJ installés en mezzanine…
Clarisse avait eu la bonne idée de demander des casques et micro pour guider
les méditations. Néanmoins l’environnement sonore et l’excitation ambiante
prenaient absolument toute la place. Ajoutez à cela les regards curieux des
visiteurs badauds, les remarques des impatients qui arrivaient trop tard ou
trop tôt aux ateliers et les éclats de rire des étudiants se retrouvant là pour
faire la fête et vous aurez un petit aperçu de l’ambiance générale…

Nous avons alors pris le taureau par les cornes: s’il est impossible de s’isoler du bruit ou de faire abstraction du mouvement, proposons à nos invités de se relier pleinement et corporellement à l’environnement fébrile !

Se relier à l’agitation ambiante

Voici comment nous avons guidé les pratiques :

Plutôt que de vous sentir agressé par le bruit, de chercher à vous en couper, sentez comment les basses vibrent dans vos plantes de pied, dans votre poitrine, dans votre corps. Au lieu de refuser le mouvement incessant de la foule, sentez de quelle manière votre immobilité vous permet de mieux voir le contraste entre l’agitation habituelle et cette manière de se poser dans l’assise. Sentez comme votre présence corporelle peut vous relier à l’atmosphère ambiante. Au lieu de fermer vos sens pour vous protéger, explorez comment sons, chaleur, lumière viennent à votre rencontre et avivent votre posture silencieuse…

Au cours de 8 ateliers nous avons initiés 122 personnes.
Nous leur avons proposé de s’accorder de tout leur être à la situation qui nous
entourait. Sans bouger. Sans juger. Sans parler. En restant vif et ouvert aux bruits,
à la température, à la lumière du jour qui peu à peu déclinait. Et nous terminions chaque atelier en les
invitant à s’imaginer solide comme un rocher au milieu d’une rivière agitée,
éclairé par la lumière bienveillante de la lune.

Entre deux ateliers nous avions quelques minutes pour
répondre aux questions. Je me souviens en particulier de cette jeune femme qui
a été interpelée par l’emploi du terme Pleine
présence. Elle ne connaissait que l’expression Pleine conscience et n’arrivait pas à méditer jusque-là: «C’est trop dur la conscience » me
dit-elle! Elle était réellement soulagée de découvrir que la méditation pouvait
être davantage une question de présence, d’attention, d’ouverture que de
conscience.

Beaucoup nous ont témoigné leur étonnement à pouvoir se
poser ainsi au milieu du monde, à trouver une place juste, un apaisement au
cœur de l’agitation… Ils étaient je crois, aussi surpris que nous qu’il soit
possible de goûter l’esprit de la pratique dans de telles conditions!

Fabrice Midal le dit souvent: la méditation ne sert pas à s’isoler ni à se couper du monde. Elle est une pratique relationnelle, elle nous aide à nous mettre en rapport aux situations.

Nous l’avons expérimenté une fois de plus ce soir-là au Grand Palais.