Le temps de la fauche
Cette semaine, j’ai fauché le petit bout de pré que j’avais laissé fleurir à sa guise. Depuis ce printemps il nous régalait les yeux de sauges, de boutons d’or, de campanules, d’esparcettes, de marguerites, d’orchis, de mauves dans une abondance de couleurs et de formes délicates. Sur la colline à côté, la faucheuse avait déjà été passée, les bottes de foin ont été liées et transportées sur la remorque d’un gros tracteur. Restait mon petit bout de pré. J’ai sorti ma faux, et commencé à faucher le pré.
De la précision !
Si je vous parle de ce petit moment, c’est parce que j’ai découvert beaucoup de similitudes entre la pratique de la méditation et faucher un pré. Comme la pratique, faucher, ça a l’air tout bête, mais ce n’est pas facile. J’ai appris à le faire il y a une vingtaine d’année, dans ce même pré. J’avais l’image romantique du faucheur au beau geste ample, comme on peut avoir une image romantique du pratiquant posé sur son coussin dans une posture parfaite. Mais dès qu’on s’y met, la réalité fait voler l’image en éclats. Faucher aussi bien que pratiquer demande un petit peu d’entraînement. On croit qu’il suffit de faire bouger la faux d’un côté et de l’autre pour que l’herbe soit coupée, mais non, ça ne fait que la coucher. Comme pour la pratique, de la précision est nécessaire. Précision pour donner à la lame l’angle exact qui permet la coupe franche et nette, précision pour que le geste ne soit ni trop court ni trop long, précision de la position du corps pour garder l’ équilibre et ne pas être emporté par le mouvement du bras.