L’attente de la neige par exemple – je me rappelle les nombreux matins où j’essayais de deviner une éventuelle chute de neige aux sons venant du dehors avant de tirer les rideaux, parfois ce fut la déception, parfois la grande joie.
Puis la fonte des glaces au printemps et cette odeur incomparable de la terre trempée d’eau.
Puis il y avait aussi la fenêtre à laquelle ma grand-mère s’accoudait des après-midi entiers pour voir des gens passer, les interpeller ou simplement imaginer où ils allaient et ce qu’ils allaient faire. La fenêtre est toujours là, inchangée mais il n’y a plus rien à voir.
Les gens ne passent plus, plus que des voitures.
Ces sensations, ces images de mon passé lointain, la pratique de la méditation me les restitue parfois avec une fraîcheur étonnante. Je les reçois comme un cadeau. Elles arrivent comme des couches de roche ou des plaques de glace qui se détachent.
Si je ne prenais pas le temps de m’asseoir, très probablement, je ne saurais pas à quel point tout cela est vivant en moi.
Et cet effet que peut avoir la méditation me fait penser au conte du Liezi, Faire venir le printemps à l’aide d’une cithare, que cite Alexis Lavis dans son très beau livre L’espace de la pensée chinoise, dont voici un extrait :